Je regardais hier, par hasard, une émission télévisée sur le «mal français» vu par une chaîne étrangère commentant de manière malicieuse la pratique du cumul des mandats dans notre pays. Pratique politique condamnée par tous les français elle perdure, s’amplifie. Le plus souvent escamotée dans les débats, elle transcende tous les partis politiques. Les raisons invoquées par nos dirigeants pour pérenniser le système sont multiples mais ne tiennent pas la route pour fluctuer entre mégalomanie et excentricité.
La première tentative de «premier coup de canif» au régime indemnitaire des mandats n'aura duré que quelques jours au début de l’été 2011. En effet, alors qu’il devait être remis en cause, les élus de la majorité ont rétablit l'écrêtement, technique permettant à un élu de reverser, à sa guise, le surplus de ses indemnités, au delà de 9 700 euros. Ainsi, plus il bénéficie d'indemnités et plus il peu "arrroser" avec le surplus, s'attachant ainsi de vraies émitiés. Ne sont pas pris en compte les avantages divers : indemnité d’exercice de mandat non contrôlée, régime de retraite exorbitant du droit commun, mutuelle haut de gamme, voyages France et Outre mer gratuits, déplacements parisiens gratuits, forfait téléphonique, affranchissements postaux gratuits, forfait informatique, cantine au rapport qualité prix imbattable, prêts à taux bonifié…
Bref, un régime de français moyen.
Avec un peu de curiosité on peut constater qu’en matière indemnitaire certains élus cumulards de gauche sont particulièrement gâtés, je me suis simplement référé au journal Capital et à son enquête sur les revenus de 2009 des élus. Site /http://www.capital.fr/le-magazine/extras-online/extra-on-line-magazine-capital-mai-2009/les-revenus-de-1250-elus-region-par-region
Prenons l’exemple de monsieur Ayrault Président du groupe socialiste à l’Assemblé qui déclare vouloir lutter contre le cumul des mandats mais qui bénéficie, de droit, aux indemnités suivantes :
- Indemnité parlementaire de député 7 008 euros, Président de la communauté urbaine 5 441 euros, maire de Nantes 5 441 euros Total : 17 890 euros mensuels
Monsieur Collomb, maire de Lyon, également socialiste opposé à la règle de non cumul fait encore mieux, il bénéficie, de droit, des indemnités suivantes :
- Sénateur 7 008 euros, Président de la communauté urbaine 4 427 euros, maire de Lyon 8 160 euros. Total : 19 385 euros mensuels.
Tout ceci net de frais pris en charge par d’autres indemnités, (source site de l’Assemblée nationale) en effet :
· « Pour faire face aux diverses dépenses liées à l’exercice de leur mandat qui ne sont pas directement prises en charge ou remboursées par l’Assemblée, les élus bénéficient d’une indemnité représentative de frais de mandat dont le montant est revalorisé comme les traitements de la fonction publique.
Depuis le 1er juillet 2010, le montant mensuel de cette indemnité est de 6 412 € brut.
· Les députés disposent en outre d’un crédit affecté à la rémunération de collaborateurs. Calculé en principe pour trois collaborateurs, il peut toutefois, au gré du député, être versé au profit d’un nombre de personnes variant de un à cinq. L’élu a la qualité d’employeur : il recrute, licencie, fixe les conditions de travail et le salaire de son personnel ». Tout est donc permis.
Le crédit ouvert pour chaque élu est revalorisé comme les traitements de la fonction publique. Au 1er juillet 2010, le montant mensuel du crédit est de 9 138 €.
Côté retraite c’est pas mal non plus (source Internautes actualités) :
« Aujourd'hui, un mandat suffit pour qu'un ancien parlementaire touche une retraite de 1 553 euros par mois, à partir de ses 60 ans. Cette somme s'élève à 3 096 euros pour deux mandats, 4 644 euros pour trois mandats et augmente ainsi, proportionnellement, jusqu'à un plafond de 6 192 euros. Résultat : la pension moyenne d'un sénateur est de 3 085 euros et celle d'un député de 2 192 euros »
Les parlementaires bénéficient d'un régime de retraite souvent qualifié de "très spécial". Un député bénéficie d'un rapport de 1/6 au moment du calcul de la retraite. En clair, cela signifie que pour 1 euro cotisé, 6 euros de retraite seront perçus contre i euro cotisé donne 1,5 euros de retraite dans le régime général).
Voilà la notion d’Egalité de notre République vue par les représentants du Peuple. .
A ce prix là le sacerdoce est bien récompensé !
Face à ces indemnités et avantages indécents attachés à leur fonction, il est souvent difficile pour nos élus de prétexter d’une activité débordante les transformant en véritables bêtes de travail pour justifier un tel régime. Ce sont eux pourtant qui auront, le moment venu, à définir la pénibilité du travail !
Les cancres sont nombreux au Parlement comme l’écrit Politiquemania rapportant les propos de François Vendasi, sénateur radical de gauche de la Haute-Corse qui ose déclarer : “Je vais au Sénat une fois par an. Vous savez, moi, je suis avant tout un chef d’entreprises”
Autre exemple, Didier Borotra, sénateur-maire de Biarritz qui a fait pire. “Depuis 1992, date de mon élection, je crois que je ne l’ai vu qu’une demi-douzaine de fois”, s’amuse Alain Vasselle, sénateur UMP. Cette déclaration étant faite en 2010 ceci représente, en moyenne, une visite au Sénat tous les trois ans…
Dans le classement de l’activité des sénateurs de l’observatoire, monsieur Collomb occupe la 220° place sur 343. Plus près de nous et eux aussi brillants cumulards, nos députés Idiart et Lemasle figurent au palmarès d’activité de l’Assemblée Nationale respectivement à la 424 ° et … 519° place sur 575 députés classés.
Nos élus pourront toujours crier au scandale et trouver le classement arbitraire les faits sont là.
Les sans grade ne sont pas oubliés par leurs amis. Une petite notoriété locale peut être très lucrative. Il suffit par exemple d’être maire adjoint de Toulouse (3 300 euros mensuels) de siéger à la Communauté Urbaine (2500 euros mensuels) pour percevoir 6 000 euros par mois. Quant on sait que Toulouse compte 26 maires adjoints et 25 conseillers délégués il est facile de faire plaisir à ses amis.
Plus près de nous, la Communauté de communes du Volvestre compte 15 vice présidents également indemnisés…
Il n’est donc pas surprenant, face à ces chiffres indécents, d’expliquer la rupture de confiance entre les citoyens et leurs élus. Trop c’est trop, surtout quand on a le cynisme d’invoquer la crise pour demander aux français de se serrer la ceinture.
Lutter contre le cumul est simple : il suffit de réduire les indemnités. Un élu une indemnité, quel que soit le nombre de mandats détenus.
Attribuer par ailleurs une indemnité à un élu retraité me choque. Déjà bénéficiaire de la solidarité nationale, le retraité, par l’exercice de son mandat ne compromet en rien ses revenus comme c’est le cas pour un élu en activité. Seule indemnisation admise : le remboursement de ses frais tenant à ses déplacements.
On peut toujours rêver non ?