Les lecteurs de mon blog pourront constater qu’à aucun moment je ne me suis exprimé sur une quelconque «affaire» émaillant la vie politique. Je me suis toujours abstenu du moindre commentaire pour deux motifs : le respect de la présomption d’innocence et l’autorité de la chose jugée.
Certes notre justice est souvent critiquée pour sa lenteur. Elle avance à son rythme, d’abord pour éviter toute erreur judiciaire, mais aussi au motif de multiples «subterfuges» retardant son action ou, pire encore, de son impossibilité de pouvoir juger des citoyens placés, pour un temps, au dessus de la Loi. Nos magistrats exercent un travail ingrat pour prendre le risque de faire, dans tout jugement, au moins un insatisfait, mais, plus encore, de se voir parfois taxés de «justiciers».
Heureusement ils sont là, souvent courageusement, n’en déplaise à certains.
Les médias n’échappent pas non plus à la critique, Médiapart à qui nous devons pourtant l’émergence de l’affaire Cahuzac n’a pas été épargnée, parfois même fort sottement par des confrères sans doute jaloux.
En fait c’est la combinaison des investigations de ces deux acteurs qui nous a concocté un cocktail politiquement explosif. De cette lamentable affaire Justice et Presse sortent renforcés, nous devons donc veiller jalousement à leur indépendance.
Il y a peu j’écrivais sur mon blog un article intitulé «ne désespérez pas le Peuple de France» à la suite des élections italiennes ayant conduit à l’émergence d’un parti extrémiste. Cahuzac, en mentant comme il l’a fait, vient de porter un coup mortel à notre démocratie et jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une classe politique à l’autorité déjà fort contestée.
C’est de bonne guerre, les partis d’opposition crient au scandale, exigent un remaniement ministériel, en appellent à la dissolution du Parlement. Hollande, même au plus bas dans les sondages a raison quand il refuse ce remaniement. Les ministres trahis par un des leurs n’ont pas à faire les frais d’une sanction générale. Quant à une dissolution de l’Assemblée elle n’est ni justifiée, ni envisageable et encore moins souhaitable dans un contexte aussi particulier.
Si je m’exprime aujourd’hui c’est certes en qualité de citoyen mais aussi au nom de mon éthique professionnelle d’ancien cadre du ministère des finances. Comme citoyen je suis outré par ce mensonge d’Etat, l’ancien fonctionnaire chargé du recouvrement de l’impôt est révulsé, scandalisé, horrifié.
Monsieur CAHUZAC est un homme indigne :
1. Indigne pour avoir avoué son mensonge sous la pression de son avocat,
2. Indigne en réagissant comme un gamin en demandant pardon,
3. Indigne de toutes ses fonctions publiques pour avoir triché fiscalement, pour avoir joué contre son pays,
4. Indigne de la confiance renouvelée des électeurs socialistes,
5. Indigne de la solidarité gouvernementale dont il a su profiter,
6. Indigne d’avoir pu s’exprimer au nom du ministère des finances,
7. Indigne de ses discours sur le partage des sacrifices,
8. Indigne d’avoir pu un jour se faire un nom en politique,
9. Indigne de siéger au Parlement à qui il a honteusement menti,
10. Indigne pour avoir signé la charte de bonne conduite exigée de chaque ministre,
11. Indigne d’avoir fait une fausse déclaration de patrimoine,
12. Indigne, indigne, indigne …
Le coup est dur, très dur, la seule chance pour notre pays est de ne pas vivre une période électorale ouvrant la voie à tous les excès, toutes les tentations, tous les voyages sans retour.
Non nos élus ne sont pas tous pourris, leur seul défaut est de trop aimer le pouvoir, de s’y accrocher en mentant au besoin.
Pauvre France chahutée par un ministre, sinistre menteur, cupide et malhonnête dont le comportement met à mal la notion de solidarité dont nous avons tant besoin en ces temps difficiles.
Cahuzac ne peut, comme il le laisse entendre, revenir à l’Assemblée même si la loi lui permet de le faire. Même si derrière cette affaire se cachent d’autres horreurs il aura commis l’affront ultime, celui de mentir devant la représentation nationale.
Il doit dégager de l’horizon politique, être jugé sans complaisance, embastillé et rester dans l’histoire de notre pays comme un fossoyeur de la démocratie. Ce n’est pas un petit voleur de poules, ce n’est pas la maman condamnée pour avoir «chapardé» la nourriture de ses enfants faute de ne pouvoir les nourrir. Non, cet individu qui est mis en examen pour «blanchiment de fraude fiscale» est l’ancien patron des services fiscaux, celui qui pérorait à la télé en demandant aux français de faire des sacrifices pour le bien du pays.
Il doit payer au prix fort ce mensonge honteux, dégradant et humiliant pour la France.
Mélenchon peut se régaler, Cahuzac son adversaire télé d’un soir lui a servi une soupe bien grasse …